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Escapade au 

Du 21 juillet au

11 août 2018

Rötlspitze (3026 m)

    △ Ortler, Grisons - Suisse

- depuis le Passo dello Stevio / Stilfser Joch -

Mercredi 25 juillet 2018

Fiche technique

Rötlspitze

     Partis pour un road trip sur les hautes routes du Sud-Tyrol, nous en profitons pour effectuer une ascension rapide depuis le col du Stelvio.

La longue montée depuis Prad am Stilfser Joch se fait dans un décor de cinéma. Le massif de l’Ortler révèle toute sa dimension de géant des Alpes. Un géant de roc et de glace à la mâchoire carrée. Impitoyable avec les faibles. Ses satellites altiers, Grand Zebru, Tuckettspitze se tiennent un pas en arrière comme par respect. L’Ortler ne souffre d’aucune comparaison. Il est le seigneur des lieux et sa triste histoire au XXe s le rappelle.

La route se faufile au milieu des forêts de conifères, puis se redresse brusquement comme un long serpent aux 48 anneaux alors que l’air manque et que le sol se dénude, devient minéral, stérile, inhospitalier.

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Scènes de vie dans les tranchées du massif de l'Ortler.

C’est dans ce désert de roches et de glace que des hommes se sont affrontés entre 1915 et 1918. Frères des Alpes, parfois issus seulement de deux vallées voisines mais aux langues différentes. Paysans de la Valteline lombarde contre Sud-Tyroliens du Vinschgau.

Jusqu’en 1918, la Drei-Sprachen-Spitze (2838 m) dominant de quelques mètres le Stevio, marquait la frontière de trois états : la Suisse avec le Val Müstair, l’Italie avec la Valteline et le village voisin de Bormio et l’Autriche avec le Sud de la province du Tyrol. Trois états pour trois langues : l’Italien, l’Allemand et le Romanche.

En 1915, souhaitant en cas de victoire de la Triple-Entente l’annexion de territoires de l’empire d’Autriche-Hongrie, l’Italie tente de s’emparer de positions frontalières autrichiennes au col du Stevio. La réaction de l’empire fut rapide et efficace figeant jusqu’à la fin de la Grande Guerre les positions sur les crêtes et les sommets enneigés du Sud-Tyrol. Les chasseurs alpins et autres Kaiserjägers se livrèrent pendant près de trois ans à des assauts répétés et mortifères sur les pentes glacées de l’Ortler. Canon hissé au sommet de ce dernier par les Autrichiens, contre obus de mortier italien sur le Gran Zebru. Parfois les voisins suisses étaient victimes de dégâts collatéraux !

Les poilus alpins édifièrent des baraquements sur les points hauts, à l’image de celui sous les pentes terminales du Rötlspitze, mais également des tranchées en entaillant la roche ou le glacier. Les munitions, l’armement et le ravitaillement sont acheminés à dos d’hommes avant que les premiers téléphériques ne prennent le relais. Un travail de forçat sous la mitraille en somme, sans compter les risques d’avalanches.

C’est avec une certaine émotion que nous parcourons les vestiges de ce passé tragique, presque 100 ans jour pour jour avant la fin du conflit. Du col nous montons au refuge Garibaldi situé à la place de l’ancien hôtel autrichien en territoire helvète de la Drei-Sprachen-Spitze. Puis, nous longeons le vide sur une large crête où la vue porte loin. Une dernière traversée à flanc nous permet d’atteindre un col d’où nous remontons en direction du sommet. Une vue somptueuse s’offre à nous de la Bernina au Piz Buin en passant par les pics acérés du massif de l’Ortler, triste rappel des baïonnettes des soldats de la Grande Guerre.

Le Stelvio et le sommet décisif du monte Scorluzzo (3094 m), à droite.

Panoramique sur le massif de l'Ortler depuis le Rötlspitze (3026 m).

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