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un week-end autour du mont cenis

 16/17 septembre 2017

Rocciamelone (3538 m)

    △ Alpes Grées, Val de Suse, Piémont -  Italie

- voie normale par la face Sud, depuis la Riposa - 
Jour 1

Samedi 16 septembre 2017

Rocciamelone vue depuis le mont Froid au dessus du mont Cenis.

     Rochemelon... le nom sonne à plat... Pourquoi retirer toute magie à un sommet qui porte si élégamment son toponyme dans la belle langue de Dante. Rocciamelone, cela sent tout de suite bon l’air sucré du Piémont empli des effluves du mélézin et des canestrelli... La voix se fait chantante et la lumière plus éclatante sous la protection de la Madone que les Italiens viennent honorer chaque début août.

     Le val de Suse n'est peut-être qu'à quelques kilomètres de la Savoie, nous avons tout de même quitté Chambéry aux aurores. En effet, il faut près de trois heures de route pour rejoindre la Riposa à 2200 m. La route y menant depuis Suse n'en finit pas de monter avec une quantité innombrable de virages sinueux au milieu des aroles.

L'air est frais, le ciel lumineux et sans nuage. Une de ces belles journées dont l'automne à le secret. Au loin, la silhouette élancée du Viso se détache sur le bleu azur, rehaussé par quelques tâches blanches des premières neiges saupoudrant les sommets piémontais. La félicité et le bien-être nous réchauffent doucement le coeur. Après un début septembre calamiteux du point de vue météo, c'est un bonheur de se retrouver ainsi en montagne.  

 

     Ni une, ni deux, nous partons avec énergie dans la pente en direction du refuge du Ca'd'Asti. Les sonnailles des vaches dont la démontagnée approche, résonnent avec allégresse dans les alpages. La montée est rude mais régulière si bien que nous avalons avec célérité le dénivelé. Un peu plus d'une heure après notre départ nous atteignons le refuge. Une jolie terrasse dominant la vallée est en partie occupée par une chapelle circulaire en forme de pigeonnier. La vue porte en direction du col du Montgenèvre. En léger surplomb, le refuge, solide bâtisse de pierre, ne semble pas des plus chaleureux.

Après une courte pause, nous reprenons notre route en direction du sommet. Nous avons en ligne de mire un gros cairn surmonté d'une grande croix (la Crocetta située à 3306 m), que l'on atteint en remontant un vaste pierrier.
Tout occupé à notre progression, nous ne prêtons pas attention aux nuages qui progressivement se referment sur nous. L'ambiance devient ainsi de plus en plus haute montagne, le sentier qui serpente au milieu de pentes très minérales de l'arête Sud, prenant des airs de cinéma hitchcockien.

Après un court passage équipé de mains courantes plus destinées aux pèlerins qu'aux véritables montagnards, nous nous hissons au sommet du piton rocheux. Ce dernier est dominé par un imposant complexe religieux. Une chapelle-refuge creusée dans la roche, le buste en bronze de Victor-Emmanuel II, père de l'unité italienne et président d'honneur du Club alpin italien (CAI) et une grande Vierge noire sommitale qui vous tend les bras depuis son piédestal. Elle a été érigée en 1889 afin de marquer l'importance du pèlerinage du 5 août. En effet, depuis 1358 et la première ascension du sommet par Bonifacius Rotarius en remerciement d'être revenu sain et sauf de croisade, une représentation de la Madone figura sur la cime de la montagne dominant Susa.

 

     Malheureusement pour nous, le ciel est obscurci par de trop nombreux nuages. Le panorama annoncé sur les Alpes occidentales n'est donc pas au rendez-vous. Point de Mont-Blanc, Pelvoux, Cervin et autres cimes du concert alpin. Qu'à cela ne tienne, nous nous contentons d'un amuse bouche avec le glacier de Rochemelon qui n'a de cesse d'expirer sa peine à quelques hectomètres de la cime, côté français.

 

      En montagne, il n'y a pas de belle journée sans belles rencontres. Aujourd'hui ne fait pas exception. Alors que nous déjeunons dans le bivouac sommital, nous rencontrons deux Calabrais forts sympathiques, installés désormais à Turin. Nous échangeons sur nos pratiques respectives de la montagne et ils finissent par nous offrir de délicieuses figues calabraises pour le dessert. Nous repartons donc avec un divin parfum méditerranéen en bouche en direction de la Riposa que nous atteignons deux heures après.

 

     Il nous faut encore deux heures par une route à vous retourner le coeur pour rejoindre l'élégant refuge du Petit Mont Cenis. Ce lieu de repos pour montagnards harassés (où non, puisqu'il est accessible par la route depuis le col du mont Cenis) est élégamment posé sur un bord d'un vaste alpage dominant légèrement le lac du mont-Cenis. Il peut accueillir une cinquantaine de personnes. Le patron nous indiquera au matin, qu'en pleine saison ils peuvent servir jusqu'à une centaine de couverts. En effet, les Turinois cherchant à échapper à la fournaise estivale de la vallée du Pô viennent ici passer du bon temps.
Pour notre part, cela sera un traditionnel diots/polenta, beaufort, crêpes aux fruits rouges ou chocolat. Que demander de plus !

Mont Froid (2822 m)

    - Mont-Cenis, Haute-Maurienne, Savoie -  France

- en boucle par les cols de Sollières et Bellecombe - 
Jour 2

Dimanche 17 septembre 2017

     7h14… le réveil sonne après une de ces nuits d’or dont seule la montagne a le secret. Un froid léger a empli le dortoir… une lumière laiteuse filtre à travers le rideau… pas de doute, il a neigé cette nuit. Après m’être extirpé du lit, je constate qu’une fine pellicule blanche à recouvert le sol. Je me prépare en quatrième vitesse et file sur le pas de porte du refuge pour immortaliser cette lumière si douce où quand le soleil joue de ses doigts d’or sur la harpe duveteuse des cimes.

 

     L’arrivée de ce visiteur étranger nous oblige à rebattre les cartes. Adieu est fait à la pointe Droset et à ses dalles rendues glissantes par la dame blanche. Nous jetons notre dévolu sur une jolie boucle montant au col de Sollières (2639 m), puis au mont Froid (2822 m) où journée du patrimoine oblige, nous visiterons son ancien fort, puis le col de Bellecombe et retour au refuge. Si cette variante au programme initial ne présente pas de difficulté, elle nous plonge dans un monde féérique fait de camaïeu de rouge, de violet, d’orange… rehaussé par le blanc cristallin de cette première neige d’automne. Vaches, ruines, alpage, marmotte, tout prend une autre dimension dans ce décor. Le réflexe crépite à tout va, ne voulant laisser échapper une parcelle de magie…

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