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Râteau d'aussois (3128 m)

    △ Vanoise, Savoie - france

- voie normale par le col de la Masse -

Samedi 28 septembre 2019

Fiche technique

Râteau d'Aussois.jpg
Dans le parc...
Albert SAMAIN (1858 - 1900)

Dans le parc aux lointains voilés de brume, sous

Les grands arbres d’où tombe avec un bruit très doux

L’adieu des feuilles d’or parmi la solitude,

Sous le ciel pâlissant comme de lassitude,

Nous irons, si tu veux, jusqu’au soir, à pas lents,

Bercer l’été qui meurt dans nos coeurs indolents.

Nous marcherons parmi les muettes allées ;

Et cet amer parfum qu’ont les herbes foulées,

Et ce silence, et ce grand charme langoureux

Que verse en nous l’automne exquis et douloureux

Et qui sort des jardins, des bois, des eaux, des arbres

Et des parterres nus où grelottent les marbres,

Baignera doucement notre âme tout un jour,

Comme un mouchoir ancien qui sent encore l’amour.

albert-samain.jpg
Automne en Vanoise
La Fournache (Vanoise)
Le Râteau d'Aussois (3128 m)

L'automne en montagne se veut poésie. Ce poème d'Albert Samain en ce beau matin de fin septembre colle parfaitement à l'ambiance vespérale qui nous entoure. Les nuages débordant de l'Italie ne se sont pas encore dissipés sous l'effet de la chaleur. La Fournache est encore totalement ourlée de brume qu'elle ne parvient à crever que par intermittence pour se mirer dans les eaux miroirs du Plan d'Amont.

Les premiers frimas ont rougi les myrtilliers et la pelouse alpine. La montagne se prépare tout doucement à son long sommeil hivernal. Deci, delà, quelques cris de marmottes se font encore entendre, mais les colonies commencent à rejoindre la chambre de Morphée.

Le ton est volontairement enjoué au sein de notre groupe de neuf Cafistes. Il faut dire qu’après un rapide tour d’horizon, le Râteau d’Aussois fait parti de la liste de mes envies, de bon nombre d’entre nous, comme la plupart des classiques. De mon côté, il s’agit de mon habituelle classique d’automne.

Nous longeons donc avec entrain le lac de retenue du barrage de Plan d'Amont au pied duquel nous avons garé notre véhicule. Puis, rapidement les couleurs d'automne nous englobent. Palette encore pastel de rouge cumin, de vert sinople ou menthe à l'eau ou de grisailles. La foulée est légère et nous atteignons rapidement le pont de la Sétéria (2215 m) porte vers le col de la Masse (2923 m) qui nous ouvrira ensuite le chemin vers le sommet.

 

Petit à petit, nous remontons le vallon sous l'austère pointe de l'Echelle. Le milieu qui nous entoure devient progressivement de plus en plus minéral, animal. Nos pas foulent de plus en plus la roche qui affleure un peu plus à chaque instant jusqu'à atteindre le haut col de la Masse. Nulle trace de civilisation. L'homme n'a même pas impérieusement planté un panonceau indicateur. Quelques roches délitées jonchent le sol, trace du passage millénaire entre les deux vallées. Soudain, les nuages se crèvent pour dégager face à nous des vieux compagnons de l'année : l'aiguille et le Dôme de Polset auxquels nous avons rendu hommage il y a de cela quelques semaines. Ils sont tout ourlés des premières neiges de l'hiver, réhaussant la brutalité de leur face Sud, contrastant on ne peut plus avec la douceur de la voie normale.

Puis, nous pénétrons un peu plus dans la face également austère du Râteau. De chemin, il n’y a pas réellement. Il s’agit davantage d’un vaste chaos rocheux fait de roches délitées ou érodées, plus ou moins instables. Nous cheminons au milieu de ce dédale, à l’affût du cairn suivant. J’ai l’impression de retrouver le paysage lunaire et minéral du Vieux Chaillol. L’itinéraire est pourtant évident et nous parvenons rapidement au sommet sans difficulté.

De vue totalement dégagée nous n’aurons pas le loisir, du moins dans un premier temps. Il faudra profiter d’un tableau par intermittence aux grés des levés de rideau de Dame Nature. Le mont-Blanc est le premier à entrer dans la danse, puis c’est au tour du massif des Écrins, puis du Viso. Les aiguilles d’Arves ne seront pas en reste lors de notre descente avant que la symphonie alpestre ne se mette au diapason en milieu d’après-midi par un franc et beau soleil d’or automnal.

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