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Puigmal d'Err (2910 m)

    △ Capcir, Pyrénées-Orientales - france / ESPAGNE

- en boucle par le Puigmal Petit de Serge et la crête des Lladres -

Vendredi 3 novembre 2017

Fiche technique

L’air de rien...

     Depuis quelques années, nous avons pris l’habitude de venir trainer nos godillots sur les chemins poussiéreux et erratiques des Pyrénées catalanes à l’automne. Ayant écumés les sommets aux alentours du magnifique site des Bouillouses, non loin de Font-Romeu, il apparaissait donc comme une évidence de pousser un peu plus loin en direction de l’Espagne pour se frotter au deuxième plus haut sommet du département des Pyrénées-Orientales : le Puigmal d’Err qui ne laisse que 11 petits mètres de dominance à son auguste voisin du Capcir, le Puig Carlit (2921 m).

Le vallon du Ribera d'Err
Mouflons dans les Pyrénées

     Au petit matin, le marin, ce vent venant de la mer, a apporter avec lui ses cavaliers brumeux et nuageux, déferlant dans des vagues grises d’épouvantes  sur le pays cathare. Bien nous en pris de partir chevaucher les cimes du Haut-Conflent où le beau temps est annoncé. Pendant près de deux heures nous roulons sous la grisaille. Le doute commence à s’insinuer, « Le soleil va-t-il parvenir à briser l’armure ? ». Soudainement, un premier rayon parvient à transpercer ce ciel Boschien, puis deux, puis trois… enfin, le ciel devient d’azur alors que nous arrivons à proximité de Villefranche-de-Conflent et entamons la lente montée vers le plateau du Capcir.

 

L’itinéraire démarre légèrement au dessus de la station du Puigmal, au lieu dit les Planes. Comme à son habitude, le balisage fait défaut dans les Pyrénées. Heureusement, le sentier est cairné. Nous nous élevons calmement le long d’un torrent à l’ambiance rafraichissante. L’ombre enveloppe encore une bonne partie du vallon de son grand manteau avant que la lumière ne vienne la chasser dans les derniers recoins de son royaume. Puis subitement à quelques encablures du sentier, en pleine pente, à notre gauche trois mouflons, deux adultes et un jeune, et à notre droite un troupeau d’isards. Les hasards sont ainsi faits qu’au même moment un gypaète barbu, suivi de 3, 4 vautours fauves survolent la scène pour venir parachever ce tableau animalier. Le reflex crépite en tout sens, devant faire face à une exposition plus ou moins heureuse…

Gyaète barbu

     Nous reprenons alors notre lente pérégrination en direction du col de Segre. La pente se fait de plus en plus forte et intense. Les lacets montent à l’assaut sans discontinuer jusqu’à l’étouffement. Les derniers soldats de la garde impériale ayant cédé, ils ne nous restent plus qu’à longer la crête sommitale frontalière en direction du trône de l’empire des quatre vents. Le Pugimal est là, tout proche. Pudiquement il s’est paré d’un diadème d’un blanc cristallin. La roche y est dénudée, martyrisée par les fureurs récurantes d’Eole.

Le sommet est occupé par des orris en ruines, une croix occitane et une autre inévitablement drapée aux couleurs de la Catalogne au pied de laquelle ont été érigée deux stèles votives à destination de Notre-Dame de Nuria dont la croix constitue la station haute du pèlerinage.

 

Nous contemplons un paysage presque lunaire, aride, austère où se détache sur fond lapis lazuli, les sommets tout proches du Capcir, Péric, Carlit… et plus loin celles des Pyrénées centrales avec l’incontournable Aneto et nos récentes ascensions ariégeoises, Montcalm et Pique d’Estats. Dans notre dos, la Sierra de Cadi et le Canigou.

 

Pour prolonger le plaisir de ces ivresses d’altitude nous poursuivons sur la crête entre roches délitées et territoire espagnol avant de replonger par un sentier abrupte serpentant au milieu des rhododendrons en direction des Planes.

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