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Pointes de la terrasse (2881 m) & de presset (2858 m)

    △ beaufortain, savoie - france

Samedi 6 et dimanche 7 octobre 2018

Fiche technique

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    Le Beaufortain, notre jardin secret. Un massif si préservé, un peu caché et terriblement attachant. On aime y flâner au gré de nos humeurs, de nos envies. On s’y perd, pour mieux se retrouver. Pourtant, par certains aspects il nous est encore inconnu.

La vallée d’Hauteluce, le secteur courant du Grand Mont au Mirantin n’ont plus de secret pour nous. Que dire de l’envers du massif, le fameux versant tarin. Vastes pâturages jonchés de lacs de ci, de là sous l’ombre impressionnante et planante du Roignais. Cette vaste pile d’assiettes instables qui constitue la culminance de ce jardin alpin et qui pourtant ce fait si discret, si confidentiel à tel point qu’il est invisible de presque tous les recoins de son pays.

Chalets d'alpage en Tarentaise
Fort de la Platte face au mont Pourri (3779 m)

Fort de la Platte face au mont Pourri (3779 m)

Le Roignais

Le Roignais (2999 m), toit du Beaufortain

Pour découvrir ce grand corbeau aux ailes déployés, il faut partir du fort de la Platte (1995 m) au dessus de Bourg-Saint-Maurice. La piste se fait haletante, saccadée, défoncée. Pourtant, certains lui imagine à l’avenir un destin touristique. Utopie née d’un cerveau malade ou génie visionnaire ? Nul ne sait pour l’instant, l’avenir nous le dira. Pour le moment, il assure une fonction pastorale et protectrice à une petite exploitation caprine.

Le ciel que l’on espérait d’azur est quelque peu marbré, mais la journée promet d’être belle à l’image de notre programme du week-end, d’autant que les couleurs d’automne ont fait leur apparition, tout comme les premiers coups de semonce de Monsieur Hiver. Winter is coming

Nous quittons le petit Winterfell borain pour nous enfoncer dans cette nature si puissante, si envoutante. Le col de Forclaz (2316 m), puis le lac Esola nous attendent. Sous nos pas, l’herbe encore prise dans sa gangue de gel stridule. Les sommets se sont parés d’un léger manteau blanc-gris. Le Roignais, Barad-dûr du beaufortain semble tout droit sortie du cerveau fécond du génial Tolkien. Cette citadelle de pierre, à l’aspect peu engageant sature l’espace de sa présence. Un appel à revenir pour relever le défi ? Les membres du groupe oscillent entre affirmative et regard aux yeux baissés. Ames sensibles, s’abstenir. Pourquoi venir alors ? Pour se faire peur ? Pour se prouver quelque chose ? Pour montrer que l’on en est capable ? Nous pourrions répondre comme Mummery, « Par ce qu’elle est là ! ». La réponse, est peut-être un peu plus complexe. L’un des éléments de réponses a peut-être été donné dans l’un des ouvrages de l’excellent Cédric Sapin-Defour, Gravir les montagnes est une affaire de style (2017) « A y regarder de plus près, les montagnes ne sont que des tas de cailloux, des empilements de glace. L’important est ce qu’on y vit dessus. Certains méditent, d’autres s’agitent, tous palpitent ».

Roignais et lac d'Esola

Le Roignais se mire dans le lac d'Esola

Pointe de la Terrasse

Au loin la pointe de la terrasse

Sommet de la pointe de la Terrasse (Beaufortain)

au sommet de la pointe de la terrasse

Après le chalet de la Combe (2211 m) la pente se redresse vigoureusement. Il faut en effet avaler près de 300 m de dénivelé jusqu’au Passeur de Pralognan (2567 m) où l’on reprend son souffle avant d’avaler d’un trait les derniers jets de pierres nous séparant du sommet de la pointe de la Terrasse. L’itinéraire s’englue dans une terre boueuse et des scories de schiste. Il faut être vigilant pour ne pas partir en glissade. Puis, nous devons relever une dernière difficulté. La face Nord de la cime est totalement enneigée. Une neige lourde, en partie croutée telle que l’on peut les connaître en début de saison hivernale après un redoux. Il ne faut pas flancher et rester bien concentré sous peine de réaliser un grand saut à l’issu incertain. Malgré tout, nous atteignons sans encombre les grandes dalles inclinées qui chapeautent la cime. Nous sacrifions au traditionnel cliché sur fond de Mont Pourri, le sourire aux lèvres et la lumière des cimes dans les yeux.

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Notre chevauché aux confins du Beaufortain est cependant encore loin d’être achevée. Nous rejoignons donc le Passeur et basculons dans la Combe de la Neuva. Le sentier n’est plus indiqué sur les cartes topographiques les plus récentes, mais il est bien encore effectif. Nous le suivons dans un premier temps, puis coupons au plus près des pentes de la Pointe Noire pour rejoindre le torrent, direction le col du Grand Fond (2671 m). Ce soir, nous avons rendez-vous au refuge de Presset. Une vieille connaissance que nous prenons toujours plaisir à retrouver.

La montée rude mais sans difficulté n’est qu’une formalité, nous l’avalons en un rien de temps. A peine le temps avons nous le temps d’avoir le souffle court que le lac de Presset est en vue. Le soleil est encore bien haut dans le ciel et nos jambes encore bien alertes, pourquoi dès lors ne pas bouleverser quelque peu le programme du week-end et anticiper sur la journée du lendemain. En effet, la météo est annoncée à la pluie et la pointe de Presset toute proche, à un jet de pierres…

Certains membres du groupe décident tout de même de rejoindre le refuge. Pour les autres, il reste quelques mètres de dénivelé dans une roche délitée à avaler. 

Un pas en avant, deux en arrière… ce ne sont pas les paroles d’une comptine pour enfant mais bien le rythme de notre progression. La montagne croule sous notre poids, attiré par l’inaltérable gravité qui à force d’érosion fait disparaitre les cathédrales du monde. Malgré les embûches de Dame Nature, notre volonté farouche nous permet de nous hisser entre voltige et leçon d’équilibriste. Une dernière vire et une petite cheminée terminale et nous nous dressons avec fierté au sommet qui a donné son nom à notre chère cabane.

En ce premier week-end où il n’est plus gardé Presset fait recette. Montagnards aguerris, familles faisant découvrir les joies d’une nuit en montagne à leurs enfants, malotrus à qui tout est dû, padawans s’initiant à la montagne, une foule hétéroclite cohabite bon an, mal an. La nuit sera plus complexe pour certains, que pour d’autres. Premiers arrivés, premiers servis nous dit la maxime. Ce soir, elle ne s’est jamais aussi bien appliquée.

Nous nous entassons dans un dortoir pour laisser la place à une famille arrivée sur le tard. Le savoir-vivre n'est cependant pas l'apanage de tous. Alors que nous préparons nos sacs dans l'entrée, suivant en cela les recommandations de Sandra la gardienne afin d'éviter une nouvelle invasion de puces de lit, un malappris pénètre dans l'un des dortoirs que nous occupons et balance nos affaires en dehors afin de s'approprier une couchette. Comme quoi la montagne n'est pas toujours qu'une affaire de gentlemen !

La météo dominicale n’étant pas annoncé au beau fixe, nous décidons de partir de bonne heure avec de pouvoir réaliser sans encombre l’itinéraire prévu.

Nous assistons donc après un détour au cairn réalisé l’année passée en hommage à Jean Lenorman, ancien correspondant du refuge de Presset et montagnard émérite, décédé accidentellement en montagne, au lever de soleil sur la Pierra Menta et l’aiguille de Presset. Le ciel s’embrase et nos coeurs avec.

 

Nous rejoignons calmement le refuge communal de la Balme (1984 m) avant d’entamer la remontée du vallon de la Nova. La pente est rapidement forte, le souffle se fait court et haletant. Nous croisons un petit troupeau de bouquetins qui nous regarde d’un air ahuri se demandant comment des bipèdes comme nous doivent autant s’employer pour gravir cette pente jonchée de roches délitées. On serpente, on zig-zag à contre-courant et finalement nous parvenons à nous hisser au sommet du col de la Nova (2729 m). Le Roignais nous offre alors à voir son austère face Est. L’ambiance au col est véritablement haute-montagne avec la neige fraîche qui recouvre encore le versant Nord. Il faut d’ailleurs être très vigilant dans les traversées à flanc afin de ne pas s’engager dans une glissade effrénée. Rapidement, les lacs de la Forclaz sont en vue. Nous nous engageons alors dans une descente à tambour battant afin de d’échapper le rapidement possible à la morsure du vent.

Chaque pièce d’eau est unique de part sa forme en Y, en O, en ovoïde cabossé, mais aussi de part sa couleur, vert, émeraude, bleu lagon... Une kyrielle de lacs plus ou moins vastes jonche la pelouse alpine. On se fait contemplatif, songeur, poète. L’âme se veut vagabonde.

Alors que nous revenons vers le fort de la Platte, des ombres furtives dans le ciel attirent notre attention. Posés au sol, sur la petite crête qui délimite notre petit plateau d’altitude, un, puis deux, trois, quatre... une quarantaine de vautours fauves attendent la curée. Au creux du vallon, une vache a rendu l’âme. Sa mort ne sera pas inutile pour tous le monde... Nous nous installons sur une petite bute pour dominer la scène pendant une trentaine de minutes, dans l’espoir d’assister à la mise en action de la volière, de la mais en vain.

Nous nous consolerons avec le somptueux panorama sur le mont Pourri qui s’offre à nous en grand format altérant blanc immaculé des premières neiges, dégradé de orange et de rouge des prémices de l’automne et vert tendre du fond de vallée. Beaufortain True colors...

DESTINATION

NATURE

Au col de la Nova (2729 m)

Au col de la Nova (2729 m)

Lacs de la Forclaz

Lacs de la Forclaz

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