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tour des tre cime di lavaredo / Drei Zinnen

    △ dolomites, véneTie/Sud-Tyrol - italie

Vendredi 10 août 2018

Fiche technique

Tre Cime.jpg

     Le temps semble parfois s’accélérer lorsque l’on est bien. Pour profiter encore un peu de la magie des lieux, de ces Dolomites à la lumière si particulière, aux contrastes si saisissant entre le vert étincelant des alpages et le blanc immaculé des citadelles de calcaire qui jaillissent pour toucher le ciel, nous souhaitons naviguer dans les méandres du temps, le ralentir jusqu’à l’arrêter. Arrêter cette vie trépidante et savourer une montagne magique, unique, magnétique, comme un loukoum à la saveur suave et sucré.

 

Vendredi matin, 7h45. A bord d’un train pour notre prochaine randonnée, nous nous laissons aller à une certaine torpeur et à des pensées méditatives. Il y a une certaine paresse du corps et de l’esprit. Si on ne se faisait pas violence, le corps te crierait « laisse moi ! Je veux rester ici sans rien faire ». On se laisse bercer par le roulis du train qui nous mène tranquillement vers Toblach. De là, nous devons rejoindre notre point de départ du jour, le refuge Auronzo en Vénétie. Objectif de la journée, réaliser une classique des Dolomites, le tour des Tre Cime di Lavaredo. Le mythe dolomitique par toutes ses faces. Le lieu est touristique certes, mais ces symboles des Dolomites font partie des montagnes qu’il faut avoir vu, ressenti, appréhender au moins une fois dans sa vie, au même titre que le Cervin, l’Everest, le Cerro Torre ou encore le Kilimandjaro.

Mizurina
Tre Cime di Lavaredo (face Sud)
Dolomites

Vallon et lac de Misurina

Arrivée au refuge Auronzo, la face nous domine, immense, minérale, vaste escalier semblable à une tour de Babel. Elle vous absorbe, à tel point qu’il est impossible de l’observer dans son intégralité. On est loin de la photo traditionnelle aux trois cimes se découpant dans l’azur. Le géant est sans concession, il asphyxie l’espace, au point de cacher le soleil.

 

Pas de gros dénivelé aujourd’hui, juste une pérégrination, un Grand Tour dans l’esprit des premiers touristes anglais du XIXe s. Nous quittons la grand bâtisse tenue par la section de Cadorina Auronzo du Club alpin italien en direction de notre deuxième refuge du jour, le rifugio Lavaredo. La foule n’est pas encore trop présente, la météo n’ayant pas annoncé une journée sous les meilleurs auspices. Le sentier est large, sans difficulté. Rapidement, nous atteignons la cappella degli Alpini, dominée impérieuse par la puissante stature de la Cima Grande (2999 m). Quelle puissance ! Un magnétisme profond se dégage de cette paroi. On ne peut être que subjugué à l’idée que des hommes se mesurent régulièrement à ces lieux, souhaitant défier l’apesanteur.

Au détour d’un tournant, le deuxième isola d’altitude apparaît. Depuis le refuge de Lavaredo notre perspective sur les trois cimes a déjà évoluée. La Cima Ovest et la Cima Grande sont désormais invisibles, situées dans l’alignement de Cima Piccola et de ses deux satellites, la Punta di Frida et la Cima Piccolossima.

Mais déjà les premiers excursionnistes reviennent de leur parcours de Via Ferrata. Il faut dire que le secteur n’est pas avare en sentiers d’altitude aménagés, dont notamment la célèbre via Innerkofler du Monte Paterno.

 

Pas de cabrioles au programme aujourd’hui, nous remontons calmement jusqu’au Paternsattel ou col de Lavaredo. Le troisième et dernier refuge du jour apparaît.

Le col marque aussi la frontière linguistique entre le monde germanophone et le reste de l’Italie.

On se lance alors dans une traversée très esthétique sous les pentes du Paterno. L’ambiance est belle, toute dolomitesque. La roche affleure, le sentier se rétrécit et se fait plus alpin sans toutefois présenter la moindre difficulté. Peu avant le refuge, nous croisons une nouvelle fois des vestiges de la Grande Guerre. Ici aussi on s’est battu pour quelques arpents de terre...

La Drei-Zinnen-Hütte où Rifugio Locatelli-Innerkofler est une vaste bâtisse située au débouché de l’Altensteiner Tal qui le relie à Sexten et au Pustertal.

L’image caractéristique des Drei Zinnen apparaît alors. Trois menhirs s’élevant avec une élégance à sans nul autre pareil, de leur socle jonché de scories d’éboulis.

Malgré un nuage sommital qui obstrue quelque peu la vue, nous restons un bon moment au refuge afin de profiter des lieux et de la gastronomie locale faite d’un équilibre subtile entre saveurs d’Italie et douceurs sucrées germaniques avec les célèbricimes Kaiserschmarrn et Apfelstrudel !

 

Bien lestés, nous reprenons notre circumambulation. Notre parcours passe d’abord par le charmant chalet d’altitude de Langalm, avant d’achever notre boucle par le col du Mezo au pied  de la Cima Ovest et sa fameuse face Nord de plus de 500 m de hauteur, facilement identifiables  grâce à ses surplombs jaunes moirés d’encre.

 

C’est avec ces images féeriques imprégnées sur la rétine que nous achevons notre escapade en terres Sud-tyroliennes avec déjà l’envie de revenir dans les Dolomites pour réaliser une traversée en itinérance du massif du Rosengarten au Dolomites de Sesto. On ne se lasse jamais de ces montagnes magiques où en un instant tout s’embrase, ce que les Italiens décrivent si bien avec un seul mot : enrosadira.

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