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Aiguille dibona (3131 m)

    △ Ecrins, isère - france

- voie normale -

Jeudi 9 et vendredi 10 juillet 2020

Fiche technique

Dibona (Ecrins - France)

     Dans les rêves des alpinistes, des courses d’arêtes s’enchainent avec des sommets élancés à la silhouette de lame. C’est à la rencontre de l’une d’elles que nous allons partir avec Nadine, Jean-Pierre, Fabien, Isabelle, Mathieu notre guide et moi-même, pour ce premier Camp de base rocher en partenariat avec le Bureau des Guides de la Bérarde.

 

Gravir « la » Dibona est un rêve pour nombre d’entre nous. La silhouette unique de cette aiguille, flèche de granite d’une cathédrale alpine légendaire, lancée comme un défi vers le ciel, est un enchantement du regard. Invisible aux profanes depuis la vallée, elle apparait subitement au détour du vallon comme jaillissant des entrailles de la Terre.  Citadelle de Barad-dûr sortie de l’imaginaire torturé de Tolkien. On l’aborde avec respect et parfois même avec un peu de crainte.

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La montagne c'est pointu

Pierre CHAPOUTOT

Pour notre part, elle jouera à cache-cache entre les crêtes rocheuses, empruntant pour  rejoindre le refuge du Soreiller, l’itinéraire de la Montagne d’en bas (la mal nommée !) afin de réaliser en chemin une école de terrain montagne entre vires rocheuses et sentes à chamois. Nous n’aurons donc guère l’occasion de laisser vagabonder nos réflexions vers la contemplation ou les exploits d’Angelo Dibona.

Dans les Alpes, il est en effet relativement courant de trouver un éperon, une cime secondaire, un pilier, une voie baptisés au nom d’un alpiniste célèbre. Cela est beaucoup moins fréquent d’attribuer son nom à l’ensemble d’une montagne, mais Signore Dibona, n’est pas n’importe qui !

Ce natif de Cortina d’Ampezzo en 1879, dans les Dolomites Orientales, fut le premier à fouler ce sommet avec Guido Mayer le 27 juin 1913.
C’est un guide, formidable grimpeur, qui compte à son tableau de chasse un nombre de premières et de grands sommets : Roda di Vaèl (Catinaccio, Dolomites), Laliderwand (Karwendel, Autriche), Croz dell Altissimo (Brenta, Italie)… Cela fleur bon le calcaire davantage que le granite me direz-vous ! Comment ce transalpin a-t-il pu donner son nom à ce sommet de l’Oisans ? En 1912, il vient découvrir le massif à la demande des frères Mayer, ses fidèles clients viennois et ouvrent une nouvelle voie en face Sud de la Meije. Il est de retour un an plus tard et s’élance dans une chevauchée fantastique réalisant en quelques jours des itinéraires devenus des classiques : Ailefroide par l’arête de Coste Rouge et bien entendu la légendaire voie Mayer-Dibona sur le versant Bonne Pierre du Dôme des Ecrins ouverte le 14 juillet 1913 quelques jours seulement après la première à l’aiguille Dibona qui portait à l’époque le nom de Cime du Pain de Sucre. C’est Lucien Devies, président du Club alpin et de la FFM qui incitera à rebaptiser l’aiguille quelques décennies plus tard.

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LES BANS, CIME DE L'ENCOULA & PTE DU VALLON DES ETACHES

Après une première journée consacrée aux basiques (encordement, techniques d’assurage, relais, pose de friends et autres câblés…), nous partons au petit matin en direction de « notre » aiguille..

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Merveilleusement dressée quand on remonte le vallon du Soreiller, la Dibona perd un peu de sa superbe lorsqu’après avoir remonté le névé menant au col occidental du Soreiller, on aborde son versant trapue et inclinée où serpente la voie normale.

Cette voie présente l’intérêt de cumuler toutes les problématiques pour les apprentis grimpeurs. Il faut grimper harmonieusement, assurer son second avec efficacité et maîtriser sa peur lorsque l’on aborde la seconde et dernière longueur sur l’arête aérienne menant à l’auguste cime.

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Les choses sérieuses débutent véritablement au pied des clochetons Gunneng, après en amuse-bouches, un cheminement évident entre ressauts et vires presque horizontales en guise d’échauffement.
Nous adoptons un encordement en flèche avec un premier de cordée et deux seconds pour davantage de sécurité. Mathieu notre guide passe en tête et pose des points pour faciliter l’assurage.
La première longueur consiste à remonter un dièdre de 20 m qui mène à une petite plateforme. La seconde suit l’arête en se tenant soit sur le fil pour bénéficier de bonnes prises, soit en pas d’adhérence sur une belle dalle de granite (il faut le noter car ce n’est pas la première qualité du massif de l’Oisans !). Arrivés au deuxième relais, le sommet est à portée de main, à une dizaine de mètres.
Quelques minutes au sommet pour notamment immortaliser l’instant et nous repartons. En effet, la Dibona est très fréquentée et, paramètre à prendre en compte, il faut s’organiser au refuge pour ne pas s’embouteiller dans la voie normale qui est également la voie de descente pour l’ensemble des itinéraires ! Mathieu nous mouline jusqu’au deuxième rappel afin de gagner du temps et nous tirons le second après avoir laissé passer les cordées ascensionnistes.

De retour au pied des clochetons Gunneng, nous retraversons avec davantage d’aisance les vires et nous laissons tranquillement descendre en ramasse sur le névé quelque peu ramolli.

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