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Dent de cons (2062 m) et Belle Etoile (1841 m)

    △ Bauges, Savoie/Haute-Savoie - france

- Traversée intégrale des arêtes de la Croix de Périllet aux Rochers Prani -

Jeudi 12 juillet 2018

Fiche technique

Dent de Cons.jpg

     Les Bauges, un terrain de jeux sans limite. Un concentré de ce que peuvent offrir de mieux les Alpes. Ce massif est aussi un trait d’union entre la Savoie et la Haute-Savoie. Là où nous vivons et notre berceau familiale. Quelle différence me direz-vous ? Pour nous aucune, mais certains font pourtant la différence. L’adage local ne dit-il pas « la Savoie et la Haute-Savoie c’est comme la couture et la haute-couture ».

Originaire du Pays du Mont Blanc, le « saute frontière » entre la vallée de Chamonix, le Val d’Arly et le Beaufortain n’a jamais posé le moindre problème à notre famille... D’ailleurs, en 1816 lors de ses grandes réformes administratives le roi Victor-Emmanuel Ier de Savoie, créa la province de la Haute-Savoie qui comprenait le Beaufortain, le Val d’Arly et la Haute-Combe de Savoie ! À croire que les chamailleries actuelles sont davantage le fruit des néo-arrivants post-1870, dans nos belles contrées, que des familles savoyardes historiques.

Joubarbe alpine
Arête dans les Bauges
La Sambuy e le lac d'Annecy

Pour célébrer cette belle union, j’opte pour une longue virée comme on les aime, à fleur de terre, entre le ciel et la canopée séculaire de la forêt de Marthod. Un dialogue sur le fil des cimes, un pied d’un côté, un pied dans l’autre. Le choix est fait, la dent de Cons, l’un des 14 « 2000 » baujus et son arête magique à travers le ciel.

Il s’agit du point culminant d'un chaînon isolé du reste des Bauges. Il est séparé de ces derniers par la vallée et le col de Tamié. Ce chaînon prolonge la chaîne des Aravis au sud de la cluse de Marlens et fait face au Beaufortain dont il est séparé par la basse vallée de l'Arly.

 

Départ est donc donné à 6h de Chambéry avec un groupe du CAF, pour rejoindre les hauteurs du col de Tamié où nous allons débuter notre longue et belle chevauchée. Nous prenons la direction de la Croix de Périllet (1710m) afin d’aborder le premier chaînon de notre traversée, la Belle Etoile (1841 m). Cette dernière, constitue le dernier élément de cette longue crête, presque horizontale, qui s’étire sur 10km.

L'enchaînement magique, de la Belle Etoile  à la dent de cons.          

Photo : Goodson 73

Le sommet de la Belle Etoile (1841 m)

La montée, bien que très régulière a déjà bien fait monter notre température corporelle. Il faut dire que le groupe monte avec entrain et détermination. Une pause désaltérante s’impose donc.

Le panorama est déjà très large. Du massif du Mont-Blanc jusqu’aux aiguilles d’Arves et à la Meije en passant par la pointe de la Sambuy face à nous et au lac d’Annecy en contrebas. 

Malheureusement, les brumes de chaleur se sont déjà invitées. Pour une journée de grande qualité photographique, on repassera. Qu’à cela ne tienne, l’arête est là, désirable et son continuum est terriblement esthétique.

Au sommet de la Belle Etoile (1841 m)

Nous continuons donc notre chemin en fil de crête. Une légère descente et il est déjà l’heure d’aborder le premier passage technique de la traversée : le Pas de l'Âne. Un câble récent, permet de contourner une dent de schiste, avant de retomber en forêt de rhododendrons à l'approche de deux gros pylônes électriques. Puis, l’alpage se donne des airs d’aventure d’Indiana Jones. Les ombelles se la jouent herbes géantes. Nous sommes semblables à des lilliputiens au milieu de ces herbes folles et de ces orties démoniaques qui se donnent un malin plaisir à vous frotter langoureusement les mollets. Nous atteignons ainsi le Col de l'Alpettaz (1581m) où la cabane du même nom nous héberge pour quelques instants.

Les premières pentes de la Pointe de la Deuva n’attendent alors plus que nous.
Ce premier bastion schisteux comporte un passage exposé en bordure de falaise, puis le sentier se perd et réapparaît de ci, de là, au gré de ses humeurs. Seule constante, la pente. Forte, rude, impitoyable si vous ne disposez pas de jarrets en acier trempé. On s’emploie, on pose les mains, on s’époumone, on s’accroche et on surmonte le passage avec détermination. 


La ligne de crête qui suit est moins accidentée et offre un beau panorama, qui nous mène à un ressaut schisteux qu'il faut longer pour atteindre le Rocher Blanc (1884m).

Puis c’est la Pointe de Cruessajran (1968m) qui fait jour. Les perles du chapelet s’enchaînent avec grâce. Pas le temps d’un Ave, qu’une nouvelle traversée exposée puis une petite désescalade s’enchaînent. Quel délice. Faites place ! Pourquoi choisir quand on peut choisir entrée, hors-d’oeuvre et dessert !

Un autre câble apparaît alors sur la ligne de crête à l'approche du point culminant de notre épopée, la Dent de Cons (2062m). On est au bord de l’indigestion ! Quelle orgie ! On monte, on descend à n’en plus finir. Quel bonheur d’être en montagne lorsque cette dernière se mue en feu d’artifice. Spectacle pyrotechnique naturel où on se la joue funambule avec le monde à ses pieds. Instant contemplatif et bonheur simple de la réussite, du devoir accompli. Lequel me direz-vous ? Un devoir simple, offrir à ses yeux les beautés du monde. Que la Terre est belle vue des cimes !

 

Après une pause roborative, nous reprenons notre bâton de pèlerin des cimes avec un dernier Te Deum en tête, les derniers fils de l’arête, les Rochers Prani, qui se détricotent  doucement au milieu des vernes et de douces pentes schisteuses où le ruisseau chante clair. Mais chut, les prés de la Ramaz sont déjà là avec leurs scènes ancestrales. La parenthèse enchantée se referme sur ces scènes d’un tableau de Jean-François Millet.

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