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Virée dans le vallon d'Anterne

     △ Haut-Giffre, Haute-Savoie - France

Dimanche 24 septembre 2017

La leçon de randonnée

     Les cinéphiles connaissent le chef d’oeuvre de Jane Campion, la Leçon de piano, récompensé à Cannes en 1993. On dit parfois qu’il y a un parallèle entre le septième art et la montagne. En effet, les flâneurs des cimes recomposent chaque jour avec délectation leur partition alpestre, qui révèle également leur monde intérieur. Mais quelle est donc la formule d’une bonne incursion en montagne ?

 

     Pour faire une bonne randonnée, il y a plusieurs conditions à remplir pour poser l’équation.

En premier lieu, choisir un bon terrain de jeux. Notre fidèle compagnon, Pierre-Antoine, initiateur de la sortie du jour, rempli de ce côté là pleinement le critère en nous proposant une petite incursion à quelques encablures du mont-Blanc. Le « père » comme dit Bonatti. Celui vers qui on revient de manière infatigable, à qui l’on confie son enchantement après avoir erré sur les sentiers du monde en quête des beautés d’altitude.

 

     Deuxième paramètre, il faut chatouiller l’âme du vagabond par l’émerveillement. La encore le défi est relevé avec brio. Il n’est pas toujours nécessaire de réaliser un sommet ou un dénivelé important pour que la sortie soit réussie. Un bel alpage, des sommets dont les cimes défient le ciel, ou encore un archipel lacustre d’altitude comblerons amplement le rêveur du val. En visitant pas moins de quatre lacs forts différents, Vert d’où nous partons, Anterne, Laouchet et Pormenaz notre soif ne peut-être qu’étanchée. Le premier voit la canopée des résineux le protégeant se mirer dans ses eaux translucides, d’où son nom. Le second, éclaireur d’altitude de la biodiversité, apparait au détour d’un plissement du vallon d’Anterne reliant les vallées de l’Arve et du Giffre. Relativement vaste pour un lac d’altitude, il a la particularité de s’écouler non pas classiquement par un petit chenal mais pas une perte souterraine. Ses eaux refont surface quelques mètres plus loin et batifolent dans le vallon de la montagne d’Anterne en prenant doucement la direction du fond de la vallée de Samoëns. Mon troisième, n’a de lac que le nom. Il étouffe progressivement sous la pression des plantes invasives qui lui donnent une eau noire d’encre. Une charmante petite pièce d’eau voisine mérite cependant tout notre intérêt, reflétant la gracieuse aiguille du Belvédère (2965 m).

Mon tout, se la joue loch Ness avec son île en dos de Nessie sous les augures de la pointe noire de Pormenaz.

 

     Enfin, pour parachever le tableau, il faut composer avec la saison. Côté météo, les devins cathodiques ont été bienveillants. Nuageux le matin, le ciel se creva le temps passant afin de nous permettre d’admirer le mont-Blanc, seigneur des lieux.  Chaque saison a son charme mais le choix de l’automne n’est jamais anodin. L’automne… la saison où tout se part d’or, ou comment un arbrisseau des plus commun peut devenir un véritable chef d’oeuvre de la nature. La forêt s’embrase sous les rayons de l’astre suprême et donne à voir à qui sait s’en imprégner, un monde tout en couleur.

     C’est fort instruit de cette leçon que nous sommes partis à la découverte (ou redécouverte pour certains) de ce beau vallon d’Anterne. Rendez-vous était donné au lac Vert à Plaine-Joux (Passy) pour réaliser une boucle en direction du lac d’Anterne. Le parcours ne présente pas de difficulté, alternant entre pistes forestières et chemin de grande randonnée. Les différents hameaux des Hayères s’enchainent comme les perles d’un chapelet et nous finissons pas atteindre le refuge de Moëde-Anterne (2000 m) où nous croisons les concurrents du trail des Aiguilles Rouges qui se sont élancés avant l’aube.

Nous remontons en direction du col encore empêtré dans les premières neiges de la saison. En effet, son versant Nord est tout ourlé d’un blanc manteau de la Tête de Moëde jusqu’au Buet que l’on voit au loin. Il faut de fait être vigilant dans la descente jusqu’au lac afin de ne pas tomber.

Après avoir réalisé le tour du lac, nous regagnons le refuge et partons en direction du lac de Pormenaz. La descente par les Argentières, depuis ce dernier jusqu’aux chalets du Souay est des plus ludique, alternant passages équipés de chaînes et échelles métalliques.

Un itinéraire capable en somme de révéler dans un décor de cinéma, notre mélodie intérieure... peut-être celle du bonheur...

"Do le do il a bon dos

Ré rayon de soleil d'or

Mi c'est la moitié d'un tout

Fa c'est facile à chanter

Sol la terre où vous marchez

La l'endroit où nous allons..."*

 

* La mélodie du bonheur, 1965, film de Robert Wise.

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