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Tête des Faux (1208m)

    â–³ Vosges, Haut-Rhin - France

Samedi 2 mars 2013

In memoriam

     Tête des Faux. Le nom de ce sommet sonne comme le glas pour les Alsaciens En effet, c'est là qu'eut lieu la première grande bataille des Vosges au tout début de la Première Guerre mondiale, entre décembre 1914 et février 1915, laissant sur le terrain des milliers de morts et de blessés... et un paysage meurtri par les horreurs de la guerre.



C'est à la découverte de ce patrimoine singulier que nous sommes partis en ce début mars encore bien enneigé sur les cimes des Vosges.

     Nous sommes partis du col du Calvaire (1144m) après avoir rejoint la station du Lac Blanc 900 en empruntant un TER jusqu'à Colmar, puis un bus du Conseil général du Haut-Rhin.

Nous empruntons dans un premier temps le circuit noir tracé par la station en direction du lac du Devin où nous avons prévu de déjeuner. Dans un premier temps nous traversons deux pistes d'alpin, puis passons à proximité du refuge de Tinfronce. Le parcours se poursuit ensuite dans la forêt du Bonhomme pendant plus d'une heure jusqu'à temps d'atteindre le gite de l'Etang du Devin où nous déjeunons. Au menu, une soupe maison et Munstiflette avant de reprendre la route vers la partie qui va être la plus intéressante de la randonnée.



Jusqu'à maintenant, le temps n'est pas au beau fixe. Une épaisse mer de nuage submerge les vallées jusqu'à l'altitude de 1200m. Nous avons ainsi seulement bénéficié de quelques rayons de soleil qui sont parvenus à percer au col du Calvaire.



    Quelques temps après avoir quitté le gite, nous rencontrons un premier cimetière militaire enfoui sous la neige. Nous le gagnons rapidement et constatons qu'il s'agit de soldats allemands tombés lors de la bataille de la Tête des Faux en 1915. Puis nous atteignons l'étang du Devin (926m) qui est recouvert d'une belle couche de neige. En fait, il s'agit plus d'une tourbière en fin d'évolution, de deux hectares, que réellement d'un étang. Son nom viendrait de Colin le devin ou Crimmelin qui s'établit ici au Moyen-âge pour prédire l'avenir aux habitants des environs. En été, on peut profiter de toute sa riche biodiversité. En hiver, il est semblable à une belle endormie au fond d'un cirque glaciaire.



C'est ici que nous quittons l'itinéraire raquettes de la station du Lac Blanc pour commencer notre "ascension" de la Tête des Faux. Il faut alors suivre les rectangles rouges du balisage du Club Vosgien qui correspondent au GR5 qui parcourt les crêtes des Vosges du Nord au Sud.



    Le sentier s'élève régulièrement au milieu des conifères tout encapuchonnés de neige et de givre. Nous nous dirigeons vers la Roche du Corbeau puis vers le sommet du massif, la Tête des Faux. Peu de temps avant d'atteindre la Roche du Corbeau nous passons à proximité de l'ancienne gare d'arrivée du téléphérique militaire allemand qui partant du Bonhomme parcourant les pente du massif des Faux pendant près de 3 km. Puis, un funiculaire prenait le relais jusqu'à la Tête à 1208m. Sur ce téléphérique circulaient des bennes pour le matériel et des brancards pour le transport du personnel et des blessés.

Le rocher du Corbeau, qui de loin n'a aucun signe distinctif, avait été transformé en fort retranché. Il est percé de part en part par un poste de combat. L'entrée, difficilement praticable, est située à l'est. Elle donne par un couloir sur une chambre munie d'embrasures pour mitrailleuses. Un couloir perpendiculaire donne accès à un observatoire. De petits abris sont disséminés tout autour du promontoire.

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Reprenant notre chemin, la pente devient de plus en plus soutenue, mais la trace est parfaite et nous n'éprouvons aucun difficulté à progresser. En effet, nous ne sommes pas les premiers de la saison à monter par ici.



Au sommet, nous trouvons le soleil et un ciel tout bleu qui nous réchauffe le corps et l'esprit. Nous constatons ainsi la présence de la mer de nuage et seuls quelques sommets culminants à plus de 1200m émergent de cet océan de grisaille. Dans cette liste, on trouve notamment le Hohneck que Benoît a visité en juillet dernier, qui peut-être entrevue entre les sapins.

     Mais c'est également la présence d'un blockhaus qui servait de gare d'arrivée au funiculaire qui nous ramène à l'enfer que les soldats de la Grande Guerre ont dû endurer en hiver 1915 pour le contrôle du secteur du Bonhomme. Quelques mètres après le sommet nous apercevons des chevaux de frise enfouis sous le manteau neigeux et dont seulement quelques pontes acérées émergent.

     Notre parcours nous oblige alors à redescendre sous la grisaille jusqu'à atteindre, toujours en suivant les rectangles rouges, le cimetière Duchesne où près de quatre cent huit soldats français sont inhumés, dont cent seize sont regroupés dans un ossuaire. Il a été créé en 1924. Ces tombes sont accompagnées d'un monument dédié à "Mes frères d'armes pour la Patrie. Le 14e BCA - juin 1915" et "Au commandant J. Duchesne, chef de bataillon 215e, mort pour la Patrie le 2 XII 14 à l'assaut de Grimaude".

Le Hohneck (1363m) depuis la Tête des Faux

     Le cimetière tire son nom du commandant Duchesne, tué lors du premier assaut français sur la Tête des Faux qui permit la prise du sommet début décembre 1914. Après cet assaut, les soldats français restèrent maîtres de 95 % du sommet pour le restant de la guerre. Le cimetière, tout comme le sommet de la Tête des Faux est classé monument historique depuis 1921.



Après quelques instants de recueillement et d'émotions en mémoire de ces hommes, nous reprenons notre chemin en laissant le GR 5 afin de monter à la Tête des Immerlins (1216m). Pour cela, il faut suivre les rectangles jaunes jusqu'au sommet où le soleil resplendi à nouveau.



Puis, il faut revenir jusqu'au col du Calvaire en passant par la Petite Tête des Immerlins et une forêt marquée encore par les stigmates de la tempête de 1999.



Une bien belle journée malgré un soleil assez intermitent.

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