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Dôme de polset (3501 m)

    △ vanoise, savoie - france

- voie normale par le glacier de Gébroulaz -

Samedi 29 et dimanche 30 juin 2019

Fiche technique

DGlacier de Gébroulaz

     45,8 degrés. Nouveau record national de température. La France suffoque, assommée par une semaine de canicule. Pas un souffle d’air dans les Alpes. Les glaciers souffrent, ravagés par cette chaleur pesante entraînant l’entrée en crue des cours d’eau.

 

Victimes expiatoires de ces tourments dont nous sommes en grande partie responsables, nous décidons d’avaler une bouffée d’air pure salvatrice en prenant les sentiers du monde d’en Haut.

Direction Pralognan et le massif de la Vanoise avec pour objectif le dôme de Polset, sommet davantage connus pour être ceinturé d’une multitude de remontées mécaniques barrant ses flans sur le versant de Val Thorens, mais aussi pour la triste « affaire de la Vanoise » dans les années 1970 qui menaça l’inviolabilité du coeur du Parc, que pour sa cime altière.

Il s'agit d'une course d'initiation, idéale pour se remettre en jambes en début de saison.

Vanoise (Savoie, France)
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Quel plaisir de retrouver la Vanoise et d’explorer un nouveau vallon. Nous avons en effet déjà nos habitudes dans le secteur du col de la Vanoise, mais nous n’avons encore jamais mis les pieds dans la vallée de Chavière. Le pastoralisme y est encore bien présenté, à l’image du GAEC du Ritor qui façonne chaque jour un excellent Beaufort d’alpage. C’est une montagne encore très vivante, bien que préservée. L’équilibre entre respect des traditions, préservation des écosystèmes et développement économique, même si parfois  les relations entre les différents acteurs restent complexes.

 

Nous avons beau être à plus de 2000 m, la chaleur est presque étouffante. Nous allons rechercher de la fraîcheur en nous trempant les pieds dans le doron de Chavière durant notre pause déjeuner.

Puis, nous reprenons notre chemin en direction du refuge. Le vallon est sauvage et nous repérons rapidement la pointe de l’Observatoire qui fut il y a quelques années le premier sommet de 3000 m que je gravis. À proximité, le col du même nom permet de basculer dans la vallée de la Maurienne et les refuges du Fond d’Aussois et de la Dent Parrachée que je dois inaugurer le samedi suivant en compagnie du président de la FFCAM Nicolas Reynaud, après sa reconstruction.

Rapidement, nous atteignons le refuge, vaste bâtiment bardé de bois aux allures de vaisseau lunaire posé en surplomb du ruisseau des Lauges. La cabane a été victime par trois fois d’un incendie, défaillance électrique, dysfonctionnement du système de chauffage...
L’accueil y est chaleureux et bon enfant et le personnel emmené notamment par un aide-gardien népalais d’une gentillesse à toute épreuve. Le repas du soir sera conforme à cette première impression, qualité et quantité ! Le tout se terminant autour d’un petit verre de génépi. Un sommet de volupté.

Lever de soleil sur le glacier de Gébroulaz
Lever e soleil sur la GrandeCasse (Savie)

Au petit matin, alors que nous partons du refuge vers 4h, la chaleur est encore bien présente. Nous avons beau être à plus de 2500 m d’altitude, après 20 minutes de marche nous sommes contraints de retirer nos vestes. Nous réaliserons le reste de l’ascension jusqu’à 3500 m, uniquement avec un teeshirt à manches longues. Nous sommes sidérés.

Une nuit d’encre nous enferme dans cette douceur ouatée. Nous ne distinguons même pas les contours du lac blanc pourtant tout proche. Seul le chuintement de l’eau de fonte nous rappelle que nous contournons ses rives afin de rejoindre les pentes du col du Souffre.
Vers 2700 m, alors qu’une lumière ténue vient illuminer le ciel, nous atteignons un col à l’atmosphère toute himalayenne, jonché de petites pierres blanches qui se désagrègent sous les doigts. De la pierre de souffre. Nous comprenons alors mieux le sens de la toponymie locale.
Nous bifurquons alors pour prendre pied sur le glacier de Gébroulaz. Il s’agit du seul glacier valléen de la Vanoise et qui avait pour particularité jusqu’à la fin du XXe s d’appartenir à des propriétaires privés. A ce titre, il faisait l’objet d’une location par le Parc National de la Vanoise.

GRAND

AIR

A presque 3000 m, l’air est plus clair, translucide, léger. Tout à plus de saveur et notamment les petits riens, auquel dans le monde d’en bas où nous vivons, nous ne portons que peu d’importance. Une odeur, une sensation, un ressenti. Une lumière d’or qui illumine petit à petit chaque cime tel le falotier à l’oeuvre. Le bleu vespéral d’un lac au sortir du printemps ou encore le camaïeu pourpre des rhododendrons en fleur.
La beauté de la montagne, c’est sa simplicité. Brute, minérale, indisciplinée. On la croit parfois domptée, mais sa sauvagerie reprend bien souvent le dessus de manière impitoyable.
On se sent bien à découvrir avec des yeux d’enfant cette douce magie. On interpelle son compagnon de cordée pour lui montrer là, les grands couloirs de la Grande Casse dans une lumière de fin du monde, ici un rocher à tête de cheval qui semble nous ouvrir la voie. Une citation de Samivel nous revient alors telle une litanie : « Ce serait tellement plus beau si je pouvais le dire à quelqu’un ! ».

Les Alpesdu Sud depuis le dôme de Polset

Les Alpes du Sud depuis le sommet du dôme

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L'aiguille de Polset (3528 m)

Nous poursuivons notre progression aux pas lents du marcheur. 3200, 3300… les mètres s’enchaînent comme les perles d’un collier. La pente est très régulière et ne présente pas de difficulté. Après un dévers relativement court, un petit plateau nous permet d’accéder à un col  au pied de la montée finale vers l’aiguille de Polset. Le pic est véritablement surfréquenté. Pas moins de 7/8 cordées s’amoncellent sur la centaine de mètres de culminante qui nous séparent de la cime. Attendre la prochaine rame de métro ? Très peu pour nous. Nous préférons remonter sur le fil de la falaise pour rejoindre le dôme, seulement 27 mètres plus bas.
Nous atteignons le sommet en seulement quelques minutes. Bout du monde, finistère dressé vers le ciel. On est apaisé, ressourcé de tant de beauté. Arpenteurs des cimes, contemplateurs d’un monde si inspirant. Nous sommes uniquement là parce que cela n’a pas d’autre utilité que de nous faire du bien. C’est déjà pas mal dirons certains ! Les Alpes s’offrent à nous sans la pudeur de la jouvencelle, du Beaufortain, au mont-Blanc ; de la Vanoise aux Cerces et au Qeyras ; ou encore des Ecrins aux aiguilles d’Arves. Une boule à facettes à 360° qui scintille de mille feux. Quel spectacle !

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Le retour ne sera pas en reste. Les couleurs chaudes des lueurs de l’aube laissent la place aux bleus cristallins, vaporeux se mélangeant à des blancs changeant inspirés par la palette d’un peintre. Le lac Blanc semble ainsi parcouru par des radicelles.

De retour au refuge, nous nous attablons autour d’un plateau de délices des alpages, infiniment heureux de notre grand voyage en altitude. Quelques instants en suspends avant de regagner la vie d’en bas. Le bonheur, c’est simple comme une grande bouffée d’air frais entre amis...

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