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Haute Route

â–³ Chamonix - Zermatt, relier par les cimes les deux capitales de l'alpinisme...

Samedi 14 au vendredi 20 juillet 2012

    S’il y a bien un raid glaciaire qui fait rêver, il s’agit bien de la Hte Route. Très connu pour son parcours de ski de randonnée, l’itinéraire estivale qui diffère légèrement, est tout aussi magique.

Réalisant une semaine d’alpinisme tous les ans, j’ai décidé cette année de m’attaquer à ce mythe. Lucile, cette fois encore n'est pas de la parti (elle n'est pas encore en vacances...) mais que cela ne tienne, elle prendra sa revanche au mois d'août.

Le parcours a relativement été bien rythmé avec des étapes qui ne virent pas au marathon et permettent d’arriver relativement tôt aux refuges afin de pouvoir récupérer dans de bonnes conditions. 

 



Samedi 14 juillet : Montroc/Albert Ier (2702m).


    Il s’agit d’une étape de mise en route. Le groupe est composé de 3 Suisses qui sont membres du CAS de la Gruyère, une Corrézienne, un Toulousain, un couple de Mayenne et moi même. Notre guide originaire d’Annecy, est très sympathique.

Après avoir emprunté la télécabine de Charamillon, puis le télésiège des Autannes au Tour, nous débutons réellement notre Haute Route avec les quelques 500 m de dénivelé menant au refuge Albert Ier. La montée est relativement régulière et sans difficulté, permettant de remettre en route les jambes et le souffle, tout en nous laissant le temps d’admirer la chaîne du Mont Blanc totalement découverte, les Aiguilles Rouges, le lac d’Emosson et le beau glacier du Tour. Cependant, deux membres du groupe éprouvent déjà quelques difficultés à suivre le rythme arrivant avec près de 15-20 min de retard...



Dimanche 15 juillet : refuge Albert Ier (2702m)/relais d’Arpette (1630m)

    

     La nuit n’a pas été des plus reposante. Etant logés dans le refuge d’hiver, nous n’avons pas eu à subir les réveils successifs à partir de 3h du matin. Cependant, la nuit a été froide et nous en avons souffert, de plus pour ma part, mon système digestif a eu du mal à s’adapter à cette première journée à 2700m... Lorsque nous sortons du refuge pour aller déjeuner vers 6h, nous découvrons qu’il est tombé environ 5 cm de neige fraiche et que nous sommes la tête dans le nuage. Il faudra composer avec. Nous progressons jusqu’au glacier et nous encordons en deux groupes. Une cordée autonome dont je fais parti avec les 3 Suisses, du fait de notre expérience (modeste...) en alpinisme et une autre derrière le guide. Peu de temps après avoir débuté l’ascension du glacier en direction du col supérieur du Tour, un des membres du groupe voit ses crampons se défèrent par deux fois. Une des pièces permettant de relier les deux parties des crampons qu’il a loué à Argentière, est défectueuse. Le guide réalise une réparation de fortune avec une cordelette et nous repartons. Cependant, au fur et à mesure de notre progression, une des membres du groupe déjà en difficulté hier, est obligée de réaliser des pauses tous les 200-300 m. Ceci contribue bien entendu à nous refroidir, d’autant plus qu’il neige toujours, et à casser le rythme. 150 m sous le col, le guide décide que nous devons rebrousser chemin. Elle est dans un état d’épuisement tel, qu’il serait dangereux de progresser sur le glacier du Trient sans visibilité, avec elle, et de réaliser la longue descente jusqu’au télésiège de la Breya dans de telles conditions. Nous repartons alors jusqu’à Albert Ier où nous déjeunons, puis récupérons les voitures au Tour d’où nous effectuons un transfert jusqu’au relais d’Arpette où nous passons la nuit. Le couple de la Mayenne, décide sagement d’arrêter l’aventure, ayant pris conscience que le parcours est trop difficile pour eux.



Lundi 16 juillet : relais d’Arpette (1630m)/ cabane Chanrion (2462m).


    Ce matin, nous ne sommes désormais plus que 6. Il nous faut d’abord redescendre les voitures jusqu’au Châble, où nous les laissons définitivement sur le parking du téléVerbier et prenons un taxi qui nous mène au barrage de Mauvoisin (1961m). La journée de randonnée débute vers 10h et nous progressons le long du lac de retenu d’abord dans des galeries, puis en s’élevant au dessus. Nous croisons un troupeau de brebis, quelques randonneurs et découvrons nos premiers edelweiss. Le parcours est fort sympathique en direction du col de Tsofeiret (2643 m) et permet d’admirer le massif des Combins, mais aussi l’aiguille d’Otemma.

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Mardi 17 juillet : cabane Chanrion (2462m)/cabane des Vignettes (3157m).

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     Il s’agit véritablement de la première grande étape de cette Haute Route. Il nous faut après avoir atteint la langue terminale du glacier d’Otemma, le remonter jusqu’au col de Chermotane (3050m) soit sur près de 8km. Il s’agit de l’un des plus long glaciers des Alpes. La remontée se fait d’abord sans crampons, le glacier étant en bonne glace et recouverts de nombreux débris rocheux, puis lorsque nous rencontrons la neige deux kilomètres avant le col, l’encordement et les crampons sont de rigueurs. Notre progressions est relativement rapide et tous les membres du groupe ont un niveau homogène.



Au col, nous apercevons l’objectif du lendemain sur sa crête : la cabane Bertol. Pour le moment, nous devons remonter une pente en neige assez forte, parsemée de gros rochers et dont il faut réaliser la traversée en taillant de bonnes marches dans la neige pour atteindre le col des Vignettes sous les pentes du Pigne d’Arolla, dont le sommet est encapuchonné de nuages. Nous réalisons le contournement du glacier situé sous le col et qui plonge quasiment verticalement vers le haut glacier d’Arolla, passons la crête rocheuse par un abaissement et rejoignons la cabane où nous déjeunons vers 14h. L’après-midi, nous permet de réaliser une petit sieste et de lire un peu, notamment l’excellent ouvrage sur la "Haute Route" de François Perraudin, qui m’a donné envie de la parcourir.



Mercredi 18 juillet : cabane des Vignettes (3157m)/cabane de Bertol (3311m).



    Le grand jour est arrivé, l’étape reine, celle qui va nous conduire à la cabane de Bertol, qui est certainement l’un des plus beaux refuges des Alpes, du moins l’un des plus fascinants. Il nous faut d’abord redescendre depuis les Vignettes jusqu’au col de Chermotane. Pour cela, nous devons repasser le petit passage délicat de la veille mais heureusement la neige est bonne, elle a bien regelé et avec l’aide de nos piolets et de quelques extensions nous parvenons sans difficulté à traverser ce passage. Nous avons pris au préalable, la décision de nous hâter pour enfiler le matériel afin de passer dans les premières cordées. Le but est d’éviter que les marches ne soient défoncées (nous sommes suivis par une cordée de Suédois taillés dans le roc et qui nous rendent allègrement 30 kg...).



A Chermotane, débute l’ascension jusqu’au col de l’Evêque (3386m). Dans un premier temps, la pente est relativement modérée, puis se dresse assez fortement pendant un long moment. Nous en profitons cependant pour admirer les sommets environnants (pointe de l’Evêque, Grand Mont Collon, Dent Blanche...). Puis progressivement apparaissent le Grand Combin et au fond de l’enfilade, sa majesté le Mont Blanc.

Du col, la vue est somptueuse avec la Dent d’Hérens, la Tête de Valpeline, la Tête Blanche qui sera le toit de notre Haute Route le lendemain, les Dents des Bouquetins... Nous redescendons en direction de ces dernières en passant un glacier crevassé où il nous faut être vigilant, d’autant plus que malgré l’heure matinale, la neige est déjà bien transformée du fait de l’exposition. Nous rejoignons le Haut Glacier d’Arolla où nous quittons les crampons et les baudriers peu en dessous de la barre rocheuse où se situe le refuge des Bouquetins. Nous déambulons dès lors au milieu des bédières et autres moulins. L’appareil photo n’a pas le temps de refroidir... Cependant, notre périple est loin d’être achevé. Après avoir descendu tout le glacier, nous remontons jusqu’au Plans de Bertol (2664m) où nous déjeunons face au Pigne d’Arolla (3796m), au Grand Mont Collon (3637m) et surtout face à la pente qui doit nous emmener en une heure et 700m de dénivelé à la cabane de Bertol...

La montée finale se fait en deux temps. D’abord par un sentier qui serpente entre les rochers, puis sur le glacier de Bertol, qui en ait rendu à l’état d’un très gros névé... combien d’année va t’il encore survivre (il faut avoir en tête qu’en ce début d’été, il y a encore beaucoup de neige et les glaciers sont très bien bouchés...). Le groupe éclate alors en deux groupes sous l’effet de la pente. Le Toulousain et une Suissesse ne peuvent suivre le rythme dans cette pente très soutenue et décident de ralentir l’allure pour éviter de se mettre dans le rouge. Pour notre part, nous mettons un peu moins d’une heure, en dépassant bon nombre de randonneurs ou d’alpinistes pour atteindre le pieds des fameuses échelles de Bertol.



Nous déposons les bâtons et les piolets au pied de la face et grimpons un à un les barreaux. Nous sommes récompensés au sommet par un paysage somptueux : Dent Blanche, Dent d’Hérens, Pigne d’Arolla, Mont Blanc de Cheillon, Mont Collon et surtout celui que nous venons tous voir : le Matterhorn. Certes pas dans sa totalité mais que cela n’importe, c’est vraiment magique. La cabane est également exceptionnelle. Perchée au sommet d’un piton, elle n’en est pas moins très confortable avec même sa pendule Neuchâteloise !

Jeudi 19 juillet : cabane de Bertol (3311m)/Schönbielhütte (2694m).



    Il s’agit de la dernière grande étape de notre périple. Nous redescendons les échelles et récupérons notre matériel, puis débute une longue traversée du glacier du Mont Miné jusqu’au pied du col de la Tête Blanche (3596m). Progressivement la pente s’élève et devient de plus en plus soutenue, sans que cela ne nous pose de soucis. Au col nous retrouvons le soleil, que le versant nous cachait, et avons le plaisir de voir que les nuages qui avaient chargé l’horizon au cours de notre ascension s’effilochent progressivement. Il nous reste 200m à parcourir et nous atteignons le sommet de la Haute Route : Tête Blanche à 3724m. De là, un panorama à 365° s’offre à nous : massifs du Grand Paradis, des Mischabel, Dent d’Hérens, Cervin... Nous ne savons plus où donner de la tête. Au sommet, le couple de Suisse de ma cordée retrouve le guide avec qui ils ont réalisé l’année passé Castor et Pollux. Le glacier du Stockji réputé pour être particulièrement crevassé nous fait mentir en ce début de saison, il faut cependant rester sur ses gardes et quelques beaux spécimens bien ouverts nous le rappelle

Descente du glacier du Stockji aux pieds de la Dent d'Hérens et du Matterhorn.

     Nous retirons ensuite définitivement nos crampons et parcourons un sentier où les pierres roulent sous les chaussures et où il faut parfois poser les main. Un cours passage en rappel est par ailleurs nécessaire, afin d’accéder au chemin menant aux blocs morainiques du glacier de Zmutt. Nous le remontons alors en direction du glacier de Schönbiel en tentant tant bien que mal de garder l’équilibre sur ces amas rocheux qui menacent de basculer à tout moment. L’un de nous en est quitte pour une grosse frayeur. Il nous reste alors à remonter jusqu’à la cabane Schönbiel au prix d’une forte montée sur un sentier instable avant de goûter à la joie d’un après-midi à contempler la splendeur du Cervin et à arroser à grand renfort de bières et de Rivella et d’Abricotine la réussite de notre Haute Route.

 

 

Vendredi 20 juillet : Schönbielhütte (2694m)/Zermatt.



    Pour ce dernier jour, nous nous levons à 6h et après un petit déjeuner revigorant et quelques photos de groupes, nous entamons la descente de près de 1000m de dénivelé, vers la civilisation et Zermatt. Heureusement le retour au réel s’effectue en douceur avec l’apparition progressive de raccards et quelques hameaux dont celui de Z’Mutt qui est véritablement somptueux. Bien entendu, nous profitons également pleinement des innombrables "4000" qui entourent Zermatt (Dom des Mischabel, massif du Mont Rose, Breithorn, Dent d’Hérens, Cervin...). Nous quittons à regret ce royaume magique en nous promettant d’y revenir bien vite...

     Je tiens à remercier très chaleureusement Yves notre guide, mais également mes compagnons de cordée sans qui rien n'aurait été possible : Elisabeth, Patricia, Sylvie, Albert et Vincent. En espérant refaire quelques courses en votre compagnie. Sans oublier Chantal (Barbara !!!) et Jean-Yves avec qui nous avons passé de bons moments et qui nous ont manqué sur la suite du trek.

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