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Mont Chaberton (3136 m)

    â–³ Cerces, Hautes-Alpes - france

- voie normale -

Vendredi 1er novembre 2019

Fiche technique

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Pour notre première randonnée dans le Briançonnais, notre désormais second camp de base, nous décidons de faire réaliser à Victor, notre fils de 11 mois, son premier 3000. Nous choisissons un sommet totémique, à cheval sur la frontière transalpine, à un jet de pierres de Montgenèvre.

Nous profitons d’une des dernière belles journées d’automne, à la flamboyance inégalable. Le mélèze est dans les Alpes latines l’essence dominante. A cette saison, il magnifie les paysages de sa douce et chaude couleur dorée. Par chance, les premières neiges de l’hiver ont saupoudrées les plus hauts sommets.

Piémont

Après avoir rejoint la doyenne des stations de ski françaises, nous partons en direction du vallon des Baisses. Nous croisons alors quelques remontées mécaniques puis progressivement alors que le sentier se hisse régulièrement vers la citadelle des nuages, les traces du tourisme de masse s’étiole petit à petit. Dans le même temps, le paysage se fait plus minéral.

Victor, dans son porte-bébé gazouille d’un air joyeux. Le bonheur d’être au grand air !

C’est tout les charmes de randonnée avec un enfant en bas-âge. On prend le temps d’observer, on décrit les paysages, on se prend même à inventer des comptines en lien avec l’environnement qui nous entoure pour faire interagir notre petit-bout.

On redessine également son équipement afin de le rendre le plus adapté aux besoins de l’enfant. Le sac à dos est troqué contre un porte-bébé confortable où faire la sieste. Le réchaud de bivouac sert de chauffe-purées. Un mousqueton et une bout de ficelou s’improvise attache doudou.

On doit faire une pause ravitaillement avant de poursuivre notre progression jusqu’au col du Chaberton. Le panorama se dégage. Les Agneaux, le Dôme du Mônetier, le Pic Gaspard et la Meije... les Alpes du Sud s’offrent à nous sur un plateau. Puis après quelques pas vers l’altière cime blessée, les trois sœurs d’Arves se détachent à l’horizon. Totems mauriennais par excellence.

A partir du col, la neige fait son apparition. D’abord quelques plaques par ci, par là, puis de manière continue. La nature semble donner l’impression de vouloir cacher les stigmates de son passé militaire douloureux. En effet, des pelotes de fil de fer barbelé jonchent le sol à droite et à gauche. Jusqu’en 1947, en effet le Chaberton constituait une zone de tension voir même d’affrontements comme cela sera le cas en 1940 entre les soldats italiens encasernés au sommet de la montagne et les Français qui les pilonneront depuis les différents forts protégeant Briançon.

CHABERTON

SENTINELLE DES ALPES

Progressivement, la neige se fait de plus en plus dense. Il n’est alors plus question de suivre le sentier estival, rendu trop exposé aux risques de glissades. Avec un enfant dans le dos, pas question d’imprudence. Je préfère donc tirer droit dans la pente en me formant des marches dans la neige fraîche. L’ambiance change radicalement. Il faut s’employer davantage pour progresser. Qu’à cela ne tienne une bonne virée automnal, presque hivernale n’a jamais fait de mal, bien au contraire. On retrouve avec délices le plaisir de la neige qui crisse à chaque pas, cet air froid au parfum si caractéristique de l’hiver que l’on goule amoureusement.

 

Après un dernier effort, la cime et son bastionnement s’offre à nous. L’édifice militaire a été construit entre 1900 et 1914. Le sommet a dû être arasé par minages afin d’abaisser sa hauteur de 6 mètres. Il n'a fallu pas moins de 300 ouvriers civils et sapeurs mineurs pour construire cette prouesse technique et humaine, constituée de 8 tourelles. Mais il ne s’agit que de la partie visible de l’iceberg, dont l'ensemble est principalement souterrain. Le cuirassé des neiges constituait en effet, la pièce maîtresse défensive de la frontière italienne.

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Le sommet enneigé du Chaberton apparait depuis le col du même nom

Massif des Ecrins

Quelques photos dans un vent froid venu du Nord qui réveille Victor assoupi depuis un bon moment dans sa combinaison de cosmonaute. Un petit selfie pour immortaliser le premier 3000 de notre petit prince et nous nous projetons goulûment dans la pente. La morsure du général Hiver qui vient de lancer ses éclaireurs, ne nous incitent en effet pas à nous éterniser, d’autant que le ciel c'est fermé dans une lueur crépusculaire et que les premiers flocons commencent à recouvrir nos pelisses.

Le vol des lagopèdes parés de leur plumage d’hiver annonce la fin de la saison des randonnées. Winter is coming...

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